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à travers le caribou.

Le gamin avait son idée : ayant aperçu un brillant oiseau au plumage multicolore, il voulait le suivre afin de découvrir son nid, et, la corde aidant, il ne serait pas gêné de grimper au tronc de n’importe quel arbre pour s’en emparer.

À s’éloigner ainsi, Sandre commettait une imprudence d’autant plus grave que le temps menaçait. Un gros orage montait rapidement vers le zénith. Mais essayez d’arrêter un gamin qui court après un oiseau !

Il s’ensuit que Sandre fut bientôt engagé au milieu d’une épaisse forêt, dont les premiers arbres s’élevaient sur la gauche du creek. L’oiseau, voltigeant de branche en branche, semblait prendre plaisir à l’attirer.

Sandre, tout à sa poursuite, oubliait que la Belle-Roulotte devait repartir dans deux heures, et, vingt minutes après avoir quitté le campement, il était déjà d’une bonne demi-lieue au plus profond de la forêt. Là, pas de routes, rien que d’étroits sentiers, embarrassés de broussailles au pied des cèdres et des sapins.

L’oiseau, poussant de joyeux cris, s’élançant d’un arbre à l’autre, tandis que Sandre courait, sautait comme un jeune chat sauvage. Néanmoins tant d’efforts furent vains, et l’oiseau finit par disparaître derrière les fourrés.

« Au diable, maintenant ! », s’écria Sandre en s’arrêtant, très vexé de son insuccès.

C’est alors, à travers le feuillage, qu’il vit le ciel couvert de nuages épais. De grandes lueurs couraient déjà au-dessus de la sombre verdure.

C’étaient les premiers éclairs, qui furent bientôt suivis de roulements prolongés.

« Il n’est que temps de revenir, et qu’est-ce que dira le père ! », pensa le jeune garçon.

En ce moment, son regard fut attiré par un objet singulier, un caillou de forme bizarre, de la grosseur d’une pomme de pin, et piqué de points métalliques.