Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/120

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Turkestan ne l’ont point épargnée. C’était autrefois, paraît-il, un repaire de pillards et de bandits, et il est regrettable pour le célèbre Ki-Tsang qu’il n’ait point vécu à cette époque. Peut-être serait-il devenu un Genghiz-Khan ?

Le major Noltitz me cite à ce propos un dicton turkomène ainsi conçu :

« Si tu rencontres une vipère et un Mervien, commence par tuer le Mervien et dépêche ensuite la vipère ! »

J’aime à croire qu’il faut commencer par la vipère depuis que la Mervie est devenue moscovite.

Sept heures de halte à Merv. J’aurai le temps de visiter cette curieuse ville, dont la transformation physique et morale a été profonde, grâce aux procédés un peu arbitraires de l’administration russe. Il est heureux que sa forteresse de huit kilomètres de circonférence, bâtie en 1873 par Nour-Verdy, n’ait pas empêché les troupes du Czar de s’en emparer. Aussi l’ancien nid de malfaiteurs est-il devenu l’une des importantes cités de la Transcaspienne.

J’ai dit au major Noltitz :

« Si ce n’est pas abuser de votre complaisance, puis-je vous prier de m’accompagner…

— Volontiers, me répondit-il, et, pour mon compte, j’aurai grand plaisir à revoir Merv. »

Nous sommes partis d’un bon pas.

« Je dois vous en prévenir, me fait observer le major, c’est la nouvelle ville que nous allons visiter.

— Et pourquoi pas l’ancienne d’abord ?… Ce serait plus logique et même plus chronologique…

— Parce que le vieux Merv est à trente kilomètres du nouveau, et c’est à peine si vous l’entreverrez en passant. Donc, reportez-vous aux descriptions si exactes qu’en a faites votre grand géographe Élisée Reclus. »

Les lecteurs ne perdront pas au change.

La distance de la gare au nouveau Merv est courte. Mais quelle