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graphiques, et, en quarante-huit heures, la circulation pourra être en entier rétablie.

Il va sans dire que le seigneur Faruskiar, avec toute l’autorité d’un administrateur de la Compagnie, a pris part aux diverses formalités qui ont été remplies à Tcharkalyk. Je ne saurais trop faire son éloge. D’ailleurs il est récompensé de ses bons offices par les déférences que lui marque le personnel de la gare.

Trois heures du matin — arrivée à Kara-Bouran, où le train n’a stationné que quelques minutes. C’est là que le railway coupe l’itinéraire du voyage de Gabriel Bonvalot et du prince Henri d’Orléans à travers le Tibet en 1889-90. Voyage autrement complet que le nôtre, autrement pénible, autrement périlleux, voyage circulaire de Paris à Paris, par Berlin, Pétersbourg, Moscou, Nijni, Perm, Tobolsk, Omsk, Sémipalatinsk, Kouldja, Tcharkalyk, Batang, Yunnan, Hanoï, Saigon, Singapore, Ceylan, Aden, Suez, Marseille — le tour de l’Asie et le tour de l’Europe.

Le train fait halte au Lob-Nor à quatre heures et repart à six. Ce lac, dont le général Petzoff a visité les rives en 1889, lorsqu’il revenait de son expédition du Tibet, n’est qu’un vaste marécage semé d’îlots de sable, à peine entourés d’un mètre d’eau. Le pays où le Tarim promène son cours épais et lent, avait déjà été reconnu par les pères Huc et Gabet, les explorateurs Prjevalski et Carey jusqu’à la passe Davana, située à cent cinquante kilomètres vers le sud. Mais, à partir de cette passe, Gabriel Bonvalot et le prince Henri d’Orléans, campant parfois à cinq mille mètres d’altitude, se sont aventurés à travers des territoires vierges, au pied de la superbe chaîne himalayenne.

C’est dans la direction de l’est, vers le Kara-Nor, que pointe notre itinéraire, en longeant la base des monts Nan-Chan, derrière lesquels se développe la région du Tsaïdam. Le railway n’a pas osé s’aventurer au milieu des montagneuses contrées du Kou-Kou-Nor, et c’est en contournant ce massif que nous atteindrons la grande cité de Lan-Tchéou.