Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/282

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— Il n’est que trop vrai, ai-je répondu, et je conviens, sans fausse honte, que je me suis laissé prendre aux grandes manières de cet abominable coquin !

— Monsieur Claudius, ajoute M. Caterna, qui vient de nous rejoindre, mettez cela dans un roman, et vous verrez si l’on ne crie pas à l’invraisemblance ! »

M. Caterna a raison, mais si invraisemblable que cela soit, cela est. Et, en outre, pour tous excepté pour moi qui suis dans le secret de Kinko, il y a lieu de regarder comme un miracle que la locomotive ait été arrêtée sur le bord de l’abîme par cette explosion providentielle.

Maintenant que tout danger a disparu, il s’agit de prendre immédiatement des mesures afin de ramener les wagons du train sur la ligne de Pékin.

« Le plus simple, dit Popof, c’est que quelques-uns de nous se dévouent…

— De ceux-là, j’en serai ! s’écrie M. Caterna.

— Que faut-il faire ? ai-je ajouté.

— Gagner la station la plus rapprochée, reprend Popof, celle de Fuen-Choo, et de là télégraphier à la gare de Taï-Youan d’envoyer une locomotive de secours.

— À quelle distance est cette station de Fuen-Choo ? demande Fulk Ephrinell.

— Environ à six kilomètres de l’embranchement de Nanking, répond Popof, et la gare de Fuen-Choo se trouve à cinq kilomètres au-delà.

— Onze kilomètres, reprend le major, c’est l’affaire d’une heure et demie pour de bons marcheurs. Avant trois heures, la machine expédiée de Taï-Youan peut avoir rejoint le train en détresse. Je suis prêt à partir…

— Moi aussi, dit Popof, et je pense que nous ferons bien d’être en nombre. Qui sait si nous ne rencontrerons pas en route Faruskiar et ses Mongols ?