Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/67

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peut glisser sur l’autre par une coulisse en dedans. Aussi suis-je amené à penser que le prisonnier a voulu se garder la possibilité de quitter sa prison — au moins pendant la nuit.

En ce moment, les facteurs enlèvent la caisse, et j’ai la satisfaction de voir qu’ils observent les recommandations inscrites sur ses côtés. Elle est déposée, non sans grandes précautions, à l’entrée du fourgon, sur la gauche, bien accotée, bien assujettie, le haut étant en haut, le bas étant en bas, la paroi antérieure, où se trouve le panneau mobile, demeurant libre comme l’eût été la porte d’une armoire. Et, au fait, cette caisse n’est-ce pas une armoire… que je me propose d’ouvrir ?

Reste à savoir si l’agent préposé aux bagages se tient dans ce fourgon… Non, et je constate que son poste est au fourgon de queue.

« La voilà en place, cette fragile ! dit un des facteurs, lorsqu’il se fut assuré que la caisse était arrimée comme il convenait.

— Pas moyen qu’elle bouge ! répond l’autre facteur. Les glaces arriveront en bon état à Pékin… à moins que le train ne déraille en route…

— Ou qu’il n’attrape quelque tamponnement !… répond le premier facteur. Eh ! cela s’est vu ! »

Ils ont raison, ces braves gens. Cela s’est vu… et se verra encore.

L’Américain vient me rejoindre et adresse un dernier regard à son stock d’incisives, de molaires et de canines, après avoir lancé son immanquable wait a bit !

« Vous savez, monsieur Bombarnac, me dit-il, que les voyageurs doivent dîner à l’Hôtel du Czar avant le départ du train. Il est l’heure. M’accompagnez-vous ?…

— Je vous suis. »

Et nous gagnons la salle à manger.

Tous mes numéros sont là. Le numéro 1 — Fulk Ephrinell — prend, bien entendu, place près du numéro 2 — miss Horatia Bluett. Les époux français, — 4 et 5, — sont l’un à côté de l’autre. Le nu-