Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/135

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— Parfaitement… notre père adoptif !

— Soit !… Tu n’entends pas renoncer…

— Jamais !

— Alors, je ne plaisanterai plus à ce sujet, Jean, mais à une condition…

— Laquelle ?…

— C’est que tu vas en finir avec ton air sombre et préoccupé, retrouver ta belle et bonne humeur d’autrefois, prendre les choses en riant…

— Convenu, Marcel… en riant, si je parviens à sauver M. Dardentor d’un des dangers prévus par le Code, en riant, si l’occasion ne s’offre pas de l’en tirer, en riant, si je réussis, en riant, si j’échoue, en riant partout et toujours !

— À la bonne heure, voilà que tu es redevenu fantaisiste !… Quant à notre engagement…

— Rien ne presse, Marcel, et, avant d’aller au bureau du sous-intendant, je demande un délai…

— Et quel délai ?…

— Un délai d’une quinzaine de jours ! Que diable ! Lorsqu’on va s’enrôler pour la vie, on peut bien s’octroyer quinze jours de bonne liberté…

— Accordée, la quinzaine, Jean, et, d’ici là, si tu ne t’es pas procuré un père dans la personne de M. Dardentor…

— Moi ou toi, Marcel…

— Ou moi… je veux bien… nous irons coiffer la calotte à gros gland…

— C’est entendu, Marcel.

— Mais tu seras gai, Jean ?…

— Gai comme le plus pinsonnant des pinsons ! »