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— En même temps que de l’avoir pour père ! » répliqua Marcel Lornans, dont le magnifique pléonasme fut accueilli par un éclat de rire de son cousin.

Patrice, très dignement, avait enfourché son mulet, et l’agent Derivas donna le signal du départ.

La caravane s’était formée dans l’ordre suivant : En tête, sur son cheval, l’agent Derivas, puis, sur leurs chameaux, le guide Moktani et M. Dardentor, les deux jeunes gens et les deux touristes à cheval, Agathocle mal en équilibre sur sa monture, — ensuite les trois chars à bancs, qui se suivaient et dont l’un véhiculait M. Eustache Oriental, — enfin le chariot qui transportait les indigènes avec les provisions, les bagages et les armes, moins deux d’entre eux montés à l’arrière-garde.

Le trajet de Saïda à Daya ne dépassait pas cent kilomètres. L’itinéraire, soigneusement étudié, indiquait un hameau à mi-chemin, auquel on devait arriver vers huit heures du soir, dans lequel on passerait la nuit, et d’où l’on repartirait le lendemain afin d’atteindre Daya dans la soirée. Une lieue à l’heure, en moyenne, permettrait de transformer le voyage en une promenade à travers ces territoires si variés d’aspect.

En quittant Saïda, la caravane abandonna immédiatement le terrain de colonisation pour le territoire de Béni-Méniarin. Une voie de grande communication, qui se prolonge jusqu’à Daya, s’ouvrait devant les touristes dans la direction de l’ouest. Il n’y avait qu’à la suivre.

Le ciel était semé de nuages, que chassait rapidement une brise de nord-est. La température se tenait à une moyenne très acceptable, grâce au rafraîchissement de l’atmosphère. Le soleil n’envoyait que ce qu’il fallait de rayons pour produire des oppositions d’ombre et de lumière et mettre les paysages en valeur. La marche ne se faisait qu’au petit trot des attelages, car la route monte de la cote neuf cents à la cote quatorze cents.

À quelques kilomètres, la caravane laissa des ruines sur la droite et franchit l’extrémité de la forêt de Doui-Thabet en se dirigeant vers