Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/207

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Dans cette ville de seize à dix-sept cents habitants, indigènes en presque totalité, les Français s’y réduisent aux officiers et soldats de ce poste militaire.

Il n’y a pas lieu de s’étendre sur cette halte que les excursionnistes firent à Daya. Les dames ne se promenèrent pas en dehors de la ville. Les hommes s’aventurèrent un peu plus loin, sur la pente des montagnes, à l’intérieur de belles forêts. Quelques-uns descendirent même vers la plaine, jusqu’à ces bois marécageux qui portent le même nom que la bourgade, et dans lesquels poussent les bétoums, les pistachiers, les jujubiers sauvages.

Toujours attirant, toujours admirant, ce fut M. Dardentor qui entraîna ses compagnons pendant toute cette journée. Peut-être Marcel Lornans eût-il préféré rester avec Mme et Mlle Elissane, dût-il subir l’insupportable présence des Désirandelle. Mais le sauveur ne pouvait se séparer du sauvé. Quant à Jean Taconnat, sa place n’était-elle pas tout indiquée près du Perpignanais, dont il ne s’écarta pas d’une semelle.

Un seul ne prit point part à cette excursion, ce fut précisément Agathocle, grâce à l’intervention de Clovis Dardentor qui sermonna M. et Mme Désirandelle. Il fallait que leur fils demeurât près de Louise Elissane, puisque ces dames ne les accompagnaient pas… Une explication franche éclaircirait la situation des deux fiancés… Le moment était venu de provoquer cette explication… etc. Et, par ordre, Agathocle était resté.

Eut-elle lieu cette explication ?… on ne sait. Néanmoins, le soir même, M. Dardentor, prenant Louise à part, lui demanda si elle était bien reposée, de manière à repartir le lendemain…

« Dès la première heure, monsieur Dardentor, répondit la jeune fille, dont le visage reflétait encore un indéfinissable ennui.

— Agathocle vous a tenu compagnie toute la journée, ma chère demoiselle !… Vous aurez pu causer plus à l’aise… C’est à moi que vous devez…

— Ah ! c’est à vous, monsieur Dardentor…