Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/224

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— Soit, mais je saurai bien saisir la première occasion de lui fausser sa manivelle !

— Du reste, Jean, nous voici à Tlemcen…

— Eh bien ?…

— Eh bien ! avant trois ou quatre jours, nous serons à Oran, et ce que nous aurons à faire de plus sage, ce sera de jeter toutes nos velléités d’avenir… dans le panier aux oublis, et d’aller signer notre engagement… »

Au prononcé de cette phrase, la voix de Marcel Lornans s’était visiblement altérée.

« Dis donc, mon pauvre ami, reprit Jean Taconnat, je croyais que Mlle  Louise Elissane…

— Oui… Jean… oui !… Mais… pourquoi songer ?… Un rêve qui ne saurait jamais être une réalité !… Du moins, je garderai de cette jeune fille un souvenir ineffaçable…

— Tu es si résigné que cela, Marcel ?…

— Je le suis…

— À peu près autant que moi à ne pas devenir le fils adoptif de M. Dardentor ! s’écria Jean Taconnat. Et, s’il faut te dire toute ma pensée, il me semble que, de nous deux, c’est toi qui aurais le plus de chance de réussir…

— Tu es fou !

— Non… car enfin le guignon n’est pas acharné contre toi, que je sache, et je crois qu’il serait plus facile à Mlle  Elissane de devenir Mme  Lornans qu’à Jean Taconnat de devenir Jean Dardentor, bien que pour moi il ne s’agisse que d’un simple changement de nom ! »

Tandis que les deux jeunes gens s’abandonnaient à une conversation qui dura jusqu’au déjeuner, Clovis Dardentor, aidé de Patrice, s’occupait de sa toilette. La visite de Tlemcen et des environs ne devait commencer que dans l’après-midi.

« Eh bien ! Patrice, demanda le maître au serviteur, que penses-tu de ces deux jeunes gens ?…

— Monsieur Jean et monsieur Marcel ?…