Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pose, propose et dépose !

— Que pense monsieur de Mlle Elissane ?…

— Oh ! charmante, délicieuse, et bonne, et bien faite, et spirituelle, et intelligente, à la fois rieuse et sérieuse… les mots me manquent… comme la brosse à tête !… Où est fourrée ma brosse à tête ?…

— Voici la brosse à tête de Monsieur.

— Et si j’étais marié, je voudrais en avoir une pareille…

— Brosse ?…

— Non, triple nigaud !… une femme comme cette chère Louise !… Et je le répète, Agathocle pourra se vanter d’avoir eu la veine de tirer un fameux numéro !

— Ainsi, monsieur croit pouvoir affirmer que ce mariage… est chose faite ?…

— C’est comme si l’écharpe du maire les avait cordés l’un à l’autre ! D’ailleurs, nous ne sommes venus à Oran que pour cela ! Sans doute, j’espérais que les deux futurs se seraient plus intimement rapprochés dans ce voyage. Bon ! la chose s’arrangera, Patrice ! Les jeunes filles, ça hésite un brin… c’est dans leur caractère ! Rappelle-toi ce que je te dis… avant trois semaines, nous danserons à la noce, et si je ne leur pince pas un joli cavalier seul, un peu bien déhanché !… »

Patrice ne digéra pas sans une visible répulsion ce déhanchement dans une cérémonie aussi solennelle !

« Allons… me voici prêt, déclara M. Dardentor, et je ne sais rien encore de ton observation inspirée par des réflexions personnelles…

— Personnelles, et je m’étonne que cette observation ait pu échapper à la perspicacité de monsieur…

— Mais, nom d’un tonneau ! va donc comme ça te pousse !… Ton observation ?…

— Elle est si juste que monsieur la fera de lui-même… après une troisième question…

— Une troisième !

— Si monsieur ne désire pas…