Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/257

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— Eh ! j’y pense, Marcel, il est heureux que ni toi ni moi n’ayons participé au sauvetage de ce brave homme avec Mlle  Louise Elissane…

— Et pourquoi ?…

— Parce qu’il aurait peut-être voulu nous adopter tous les trois… Dans ce cas, elle fût devenue notre sœur… et tu n’aurais pas pu songer…

— En effet, répondit Marcel Lornans agacé, la loi défend les mariages entre les… D’ailleurs… je n’y songe plus…

— Pauvre ami !… pauvre ami !… tu l’aimes bien ?…

— Oui… Jean… de toute mon âme !…

— Quel malheur que ce ne soit pas toi qui aies sauvé ce bi-millionnaire !… Il t’aurait choisi pour son fils… et alors… »

Oui ! quel malheur, et les deux jeunes gens ne laissaient pas d’être assez tristes, lorsque le train, après avoir contourné, par le nord, l’important massif de Tessala, prit direction vers Oran à toute vapeur.

Donc, M. Dardentor n’avait rien vu de Sidi-bel-Abbès, ni ses moulins à eau et à vent, ni ses plâtreries, ses tanneries, ses briqueteries. Il n’avait exploré ni son quartier civil, ni son quartier militaire, ni déambulé le long de ses rues à angles droits, plantées de superbes platanes, ni bu à ses nombreuses et fraîches fontaines, ni franchi les quatre portes de son mur d’enceinte, ni visité sa magnifique pépinière à la porte de Daya !

Bref, après avoir longé le Sig pendant une vingtaine de kilomètres, passé par le hameau des Trembles et la bourgade de Saint-Lucien, rejoint, à Sainte-Barbe du Tlélat, la ligne d’Alger à Oran, la locomotive, au terme d’un parcours de soixante-dix-huit kilomètres, s’arrêta vers midi dans la gare du chef-lieu.

Il était enfin terminé ce voyage circulaire, additionné de quelques incidents que la Compagnie des chemins de fer algériens n’avait point prévus à son programme, et dont les touristes ne perdraient jamais le souvenir.