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deux ans de vacances.

— Tu as raison, répondit Gordon, et il faut partir dans trois jours au plus tard ! »

Tous convinrent donc de ne point prendre de repos, avant que la besogne fût achevée.

Le 3 mai, on s’occupa du chargement qu’il importait d’arrimer avec soin, afin que le radeau fût convenablement équilibré. Chacun suivant ses forces, s’employa à ce travail. Jenkins, Iverson, Dole et Costar furent chargés de transporter les menus objets, ustensiles, outils, instruments, sur la plate-forme, où Briant et Baxter les disposaient méthodiquement de la façon qu’indiquait Gordon. Pour les objets d’un poids plus considérable, le fourneau, les caisses à eau, le guindeau, les ferrures, les feuilles de doublage, etc. ; enfin, le reste des épaves du Sloughi, les courbes de la membrure, les bordages, les barreaux de pont, les capots, ce fut aux grands qu’incomba la rude tâche de les embarquer. De même pour les ballots de provisions, les tonneaux de vin, d’ale et d’alcool, sans oublier plusieurs sacs de sel qui avait été recueilli entre les roches de la baie. Pour faciliter l’embarquement, Baxter fit dresser deux espars qui furent maintenus au moyen de quatre cordages. À l’extrémité de cette sorte de chèvre, on frappa un palan dont le bout fut garni à l’un des virevaux – petit treuil horizontal du yacht – ce qui permit de prendre les objets à terre, de les soulever et de les déposer sans choc sur la plate-forme.

Bref, tous procédèrent avec tant de prudence et de zèle que, dans l’après-midi du 5 mai, chaque objet était en place. Il n’y avait plus qu’à larguer les amarres du radeau. Cela, on le ferait le lendemain matin, vers huit heures, dès que la marée montante se manifesterait à l’embouchure du rio.

Peut-être s’étaient-ils imaginés, ces jeunes garçons, que, leur travail achevé, ils allaient pouvoir jouir jusqu’au soir d’un repos bien mérité. Il n’en fut rien, et une proposition de Gordon leur donna encore de l’ouvrage.

« Mes camarades, dit-il, puisque nous allons nous éloigner de