Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
deux ans de vacances.

qu’elles commencent à sortir de terre. Ces végétaux figurèrent à tous les repas par mesure d’hygiène.

En outre, le froid n’ayant pas encore congelé la surface du lac et du rio, des truites furent prises à l’hameçon, ainsi qu’une espèce de brochet, très agréable à manger, à la condition de ne point s’étrangler avec ses trop nombreuses arêtes. Enfin, un jour, Iverson revint triomphalement, portant un saumon de belle taille, avec lequel il avait longtemps lutté au risque de rompre sa ligne. Si donc, à l’époque où ces poissons remontaient l’embouchure du rio, on parvenait à s’en approvisionner amplement, ce serait s’assurer une précieuse réserve pour l’hiver.

Entre-temps, plusieurs visites avaient été faites à la fosse préparée par Wilcox ; mais aucun animal ne s’y laissait choir, bien qu’on y eût déposé un gros morceau de viande qui aurait pu attirer quelque carnassier.

Cependant, le 17 mai, il se produisit un incident.

Ce jour-là, Briant et quelques autres étaient allés dans la partie de la forêt voisine de la falaise. Il s’agissait de chercher si, à proximité de French-den, il ne se trouverait pas quelque autre cavité naturelle, qui servirait de magasin pour loger le reste du matériel.

Or, voici qu’en s’approchant de la fosse, on entendit des cris rauques qui s’en échappaient.

Briant, s’étant dirigé de ce côté, fut aussitôt rejoint par Doniphan qui n’eût pas voulu se laisser devancer. Les autres les suivaient à quelques pas, leurs fusils en état, tandis que Phann marchait, les oreilles dressées, la queue raide.

Ils n’étaient plus qu’à vingt pas de la fosse, lorsque les cris redoublèrent. Au milieu du plafond de branchages, apparut alors une large trouée qui avait dû être produite par la chute de quelque animal.

Ce qu’était cet animal, on n’eût pu le dire. En tout cas, il convenait de se tenir sur la défensive.