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deux ans de vacances.

L’île Chairman ! Vraiment, ce nom avait une certaine tournure géographique, et il pourrait figurer très convenablement dans les atlas de l’avenir.

La cérémonie enfin terminée – à la satisfaction générale – le moment était venu d’aller prendre du repos, lorsque Briant demanda la parole.

« Mes camarades, dit-il, maintenant que nous avons donné un nom à notre île, ne serait-il pas convenable de choisir un chef pour la gouverner ?

— Un chef ?… répondit vivement Doniphan.

— Oui, il me semble que tout irait mieux, reprit Briant, si l’un de nous avait autorité sur les autres ! Ce qui se fait pour tout pays, n’est-il pas convenable de le faire pour l’île Chairman ?

— Oui !… Un chef… Nommons un chef ! s’écrièrent à la fois grands et petits.

— Nommons un chef, dit alors Doniphan, mais à la condition que ce ne soit que pour un temps déterminé… un an, par exemple !…

— Et qu’il pourra être réélu, ajouta Briant.

— D’accord !… Qui nommerons-nous ? » demanda Doniphan d’un ton assez anxieux.

Et il semblait que le jaloux garçon n’eût qu’une crainte : c’est qu’à défaut de lui, le choix de ses camarades se portât sur Briant ! .. Il fut vite détrompé à cet égard.

« Qui nommer ?… avait répondu Briant, mais le plus sage de tous… notre camarade Gordon !

— Oui !… Oui !… Hurrah pour Gordon ! »

Gordon voulait d’abord refuser l’honneur qu’on lui décernait, tenant plus à organiser qu’à commander. Toutefois, en songeant au trouble que les passions, presque aussi ardentes chez ces jeunes garçons que s’ils eussent été des hommes, pouvaient faire naître dans l’avenir, il se dit que son autorité ne serait pas inutile !

Et voilà comment Gordon fut proclamé chef de la petite colonie de l’île Chairman.