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deux ans de vacances.

à ce que ces jeunes garçons s’accoutumassent à l’idée qu’ils étaient presque des hommes, afin d’agir en hommes. Il n’y aurait donc pas de fags à French-den, ce qui signifie que les plus jeunes ne seraient pas astreints à servir les plus âgés. Mais, hormis cela, on respecterait les traditions, ces traditions, qui sont, ainsi que l’a fait remarquer l’auteur de la Vie de collège en Angleterre, « la raison majeure des écoles anglaises. »

Il y eut, dans ce programme, la part des petits et la part des grands forcément très inégales. En effet, la bibliothèque de French-den, ne contenant qu’un nombre restreint de livres de science, en dehors des livres de voyage, ces derniers ne pourraient poursuivre leurs études que dans une certaine mesure. Il est vrai, les difficultés de l’existence, la lutte à soutenir pour subvenir à ses besoins, la nécessité d’exercer son jugement ou son imagination en présence d’éventualités de toutes sortes, cela leur apprendrait sérieusement la vie. Dès lors, naturellement désignés pour être les éducateurs de leurs jeunes camarades, ce leur serait une obligation de les instruire à leur tour.

Toutefois, loin de surcharger les petits d’un travail au-dessus de leur âge, on s’appliquerait à saisir toutes les occasions d’exercer leur corps non moins que leur intelligence. Lorsque le temps le permettrait, à la condition qu’ils fussent chaudement vêtus, ils seraient tenus à sortir, à courir en plein air, et même à travailler manuellement dans la limite des forces de chacun.

En somme, ce programme fut rédigé en s’inspirant de ces principes, qui sont la base de l’éducation anglo-saxonne :

« Toutes les fois qu’une chose vous effraye, faites-la.

« Ne perdez jamais l’occasion de faire un effort possible.

« Ne méprisez aucune fatigue, car il n’y en a pas d’inutile. »

À mettre ces préceptes en pratique, le corps devient solide, l’âme aussi.

Voici ce qui fut convenu, après avoir été soumis à l’approbation de la petite colonie :