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deux ans de vacances.

« Je n’aperçois pas la moindre fumée ! dit Briant, en abaissant sa lunette.

— Et il n’y a pas une seule embarcation sur la plage ! fit observer Moko.

— Comment y en aurait-il, puisqu’il n’y a pas de port ?… répliqua Doniphan.

— Il n’est pas nécessaire qu’il y ait un port, reprit Gordon. Des barques de pêche peuvent trouver refuge à l’entrée d’une rivière, et il serait possible que la tempête eût obligé à les ramener vers l’intérieur. »

L’observation de Gordon était juste. Quoi qu’il en soit, pour une raison ou pour une autre, on ne découvrit aucune embarcation, et, en réalité, cette partie du littoral semblait être absolument dépourvue d’habitants. Serait-elle habitable, au cas où les jeunes naufragés auraient à y séjourner quelques semaines ? voilà ce dont ils devaient se préoccuper avant tout.

Cependant la marée se retirait peu à peu – très lentement, il est vrai, car le vent du large lui faisait obstacle, bien qu’il semblât mollir en s’infléchissant vers le nord-ouest. Il importait donc d’être prêt pour le moment où le banc de récifs offrirait un passage praticable.

Il était près de sept heures. Chacun s’occupa de monter sur le pont du yacht les objets de première nécessité, quitte à recueillir les autres, lorsque la mer les porterait à la côte. Petits et grands mirent la main à ce travail. Il y avait à bord un assez fort approvisionnement de conserves, biscuits, viandes salées ou fumées. On en fit des ballots, destinés à être répartis entre les plus âgés, auxquels incomberait le soin de les transporter à terre.

Mais, pour que ce transport pût s’effectuer, il fallait que le banc de récifs fût à sec. En serait-il ainsi à marée basse, et le reflux suffirait-il à dégager les roches jusqu’à la grève ?

Briant et Gordon s’appliquèrent à observer soigneusement la mer. Avec la modification dans la direction du vent, l’accalmie se