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deux ans de vacances.

pecte que le vent aurait pu porter jusqu’à Sport-terrace, et il y avait lieu d’espérer que la position de French-den n’avait pas été jusque-là découverte.

Néanmoins, il fallut s’imposer des mesures de prudence avec une nouvelle rigueur. Si une agression avait quelque chance d’être repoussée, ce serait à la condition que les jeunes colons ne fussent point surpris en dehors du hall.

Trois jours après, un fait plus significatif vint accroître les appréhensions, et il fallut bien reconnaître que la sécurité était plus que jamais compromise.

Le 24, vers neuf heures du matin, Briant et Gordon s’étaient portés au-delà du rio Zealand, afin de voir s’il ne serait pas à propos d’établir une sorte d’épaulement en travers de l’étroit sentier qui circulait entre le lac et le marécage. À l’abri de cet épaulement, il eût été facile à Doniphan et aux meilleurs tireurs de s’embusquer rapidement pour le cas où l’on signalerait à temps l’arrivée de Walston.

Tous deux se trouvaient à trois cents pas au plus au-delà du rio, lorsque Briant mit le pied sur un objet qu’il écrasa. Il n’y avait point fait attention, pensant que c’était un de ces milliers de coquillages, roulés par les grandes marées, lorsqu’elles envahissaient la plaine des South-moors. Mais Gordon, qui marchait derrière lui, s’arrêta et dit :

« Attends, Briant, attends donc !

— Qu’y a-t-il ? »

Gordon se baissa et ramassa l’objet écrasé.

« Regarde ! dit-il.

— Ce n’est pas un coquillage, cela, répondit Briant, c’est…

— C’est une pipe ! »

En effet, Gordon tenait à la main une pipe noirâtre, dont le tuyau venait d’être brisé au ras du culot.

« Puisque personne de nous ne fume, dit Gordon, c’est que cette pipe a été perdue par…