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deux ans de vacances.

À ces armes défensives, Briant avait joint un instrument qui devait faciliter sa tâche lorsqu’il serait à la pointe du promontoire. C’était une des lunettes du Sloughi – lunette d’une grande portée et d’une clarté remarquable. En même temps, dans une musette suspendue à sa ceinture, il emportait du biscuit, un morceau de viande salée, une gourde contenant un peu de brandy additionné d’eau, enfin de quoi faire un déjeuner et au besoin un dîner, si quelque incident retardait son retour au schooner.

Briant, marchant d’un bon pas, suivit d’abord le contour de la côte, que marquait, à la limite intérieure des récifs, un long cordon de varechs, encore humides des dernières eaux de la mer descendante. Au bout d’une heure, il dépassait le point extrême, atteint par Doniphan et ses compagnons, lorsqu’ils allaient faire la chasse aux pigeons de roches. Ces volatiles n’avaient rien à craindre de lui en ce moment. Il ne voulait pas se retarder afin d’arriver aussi vite que possible au pied du cap. Le temps étant clair, le ciel entièrement dégagé de brumes, il fallait en profiter. Que les vapeurs vinssent à s’accumuler vers l’est dans l’après-midi, le résultat de l’exploration aurait été nul.

Pendant la première heure, Briant avait pu marcher assez rapidement et franchir la moitié du parcours. Si aucun obstacle ne se présentait, il comptait avoir atteint le promontoire avant huit heures du matin. Mais, à mesure que la falaise se rapprochait du banc de récifs, la grève présentait un sol plus difficile. La bande de sable était d’autant plus réduite que les brisants gagnaient sur elle. Au lieu de ce terrain élastique et ferme qui s’étendait entre le bois et la mer, dans le voisinage du rio, Briant fut dès lors contraint de s’aventurer à travers un semis de roches glissantes, de goémons visqueux, de flaques d’eau qu’il fallait contourner, de pierres branlantes sur lesquelles il ne trouvait qu’un insuffisant point d’appui. De là, une marche très fatigante, et – ce qui fut plus regrettable – un retard de deux grandes heures.

« Il faut pourtant que j’arrive au cap avant la haute mer ! se disait