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l’île Gourbi. En effet, si elle pesait moins, comme tous les objets matériels, depuis la catastrophe, l’eau qui la portait pesait moins aussi. Le rapport des deux poids était donc exactement le même et la Dobryna se trouvait dans les mêmes conditions de navigabilité.

Le comte Timascheff n’était pas marin. Aussi, la direction, sinon le commandement de la goëlette, appartenait-elle au lieutenant Procope.

Ce lieutenant était un homme de trente ans. Né sur les terres du comte, fils d’un serf affranchi bien avant le fameux édit du czar Alexandre, par reconnaissance autant que par amitié, il appartenait corps et âme à son ancien maître. Excellent marin, ayant appris son métier à bord des navires de l’État et sur les bâtiments de commerce, il était pourvu du brevet de lieutenant, lorsqu’il passa sur la Dobryna. C’était à bord de cette goëlette que le comte Timascheff naviguait la plus grande partie de l’année, parcourant la Méditerranée pendant l’hiver, pendant l’été sillonnant les mers du Nord.

Le lieutenant Procope était un homme très-instruit, même en dehors des choses de son métier. Il faisait honneur au comte Timascheff et à lui-même, ayant acquis une instruction digne de celui qui l’avait fait élever. La Dobryna ne pouvait être entre des mains meilleurs. En outre, son équipage était excellent. Il se composait du mécanicien Tiglew, des quatre mate-