Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/117

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trième degré de latitude, un large canal donnait maintenant accès aux eaux de la Méditerranée dans la vaste dépression du sol occupée par les chotts Kébir, Gharsa et autres. L’isthme, existant à vingt-six kilomètres au nord de Gabès, à l’endroit même où la baie du Triton s’amorçait jadis sur la mer, avait été coupé, et les eaux avaient repris leur ancien lit d’où, faute d’une alimentation permanente, elles s’étaient évaporées autrefois sous l’action du soleil libyen.

Or, n’était-ce pas à cet endroit même où la section avait été pratiquée, que s’était produite la fracture à laquelle on devait la disparition d’une partie notable de l’Afrique ? Après être descendue jusqu’au delà du trente-quatrième parallèle, la Dobryna ne retrouverait-elle pas la côte tripolitaine, qui, dans ce cas, aurait irrésistiblement mis obstacle à l’extension des désastres ?

« Si, arrivés à ce point, dit très-justement le lieutenant Procope, nous voyons la mer s’étendre encore à l’infini dans le sud, il ne nous restera plus qu’à venir demander aux rivages européens la solution d’un problème qui aura été insoluble dans ces parages. »

La Dobryna, ne ménageant pas le combustible, continua donc à toute vapeur sa marche vers le cap Blane, sans retrouver ni le cap Negro, ni le cap Serrat. Arrivée à la hauteur de Bizerte, cette charmante ville tout orientale, elle ne revit ni le lac qui s’épanouissait au delà de son goulet, ni ses marabouts ombragés de