Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/138

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Mais le vent ne changeait pas. Il ne devait pas changer.

Bientôt, la goëlette ne fut plus qu’à un mille de la côte. On voyait l’énorme falaise grandir peu à peu, et, par une illusion d’optique, il semblait que ce fût elle qui se précipitât sur la goëlette, comme pour l’écraser. En quelques instants, la Dobryna n’en fut plus qu’à trois encablures. Il n’était personne à bord qui ne se crût à l’heure suprême !

« Adieu, comte Timascheff, dit le capitaine Servadac, en tendant la main à son compagnon.

— À Dieu, capitaine ! » répondit le comte, qui montra le ciel.

En ce moment, la Dobryna, soulevée par les monstrueuses lames, allait être broyée contre la falaise.

Soudain, une voix retentit :

— « Allons, leste, garçons ! Hisse le grand foc ! Hisse la trinquette ! La barre droite ! »

C’était Procope qui, debout sur l’avant de la Dobryna, donnait ces ordres. Si inattendus qu’ils fussent, l’équipage les exécuta rapidement, tandis que le lieutenant, courant à l’arrière, saisit lui-même la roue du gouvernail.

Que voulait donc le lieutenant Procope ? Diriger, sans doute, la goëlette de manière à la mettre au plein par l’avant.

« Attention ! cria-t-il encore. Veille aux écoutes ! »

En ce moment, un cri retentit… mais ce ne fut