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« Position : Capitaine d’état-major à Mostaganem.

« Décorations : Chevalier de la Légion d’honneur du 13 mars 18.. »

Hector Servadac avait trente ans. Orphelin, sans famille, presque sans fortune, ambitieux de gloire sinon d’argent, quelque peu cerveau brûlé, plein de cet esprit naturel toujours prêt à l’attaque comme à la riposte, cœur généreux, courage à toute épreuve, visiblement le protégé du Dieu des batailles, auquel il n’épargnait pas les transes, pas hâbleur pour un enfant de l’Entre-deux-Mers qu’avait allaité pendant vingt mois une vigoureuse vigneronne du Médoc, véritable descendant de ces héros qui fleurirent aux époques de prouesses guerrières, tel était, au moral, le capitaine Servadac, l’un de ces aimables garçons que la nature semble prédestiner aux choses extraordinaires, et qui ont eu pour marraines à leur berceau la fée des aventures et la fée des bonnes chances.

Au physique, Hector Servadac était un charmant officier : cinq pieds six pouces, élancé, gracieux, chevelure noire à frisons naturels, jolies mains, jolis pieds, moustache galamment troussée, yeux bleus avec un regard franc, en un mot fait pour plaire, et, on peut le dire, plaisant sans avoir trop l’air de s’en douter.

Il faut convenir que le capitaine Servadac, — il l’avouait volontiers, — n’était pas plus savant qu’il ne