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Puis, le comte Timascheff raconta que la goëlette avait descendu au sud jusqu’à la hauteur du golfe de Gabès, que la mer saharienne n’existait plus, — ce que les deux Anglais semblèrent trouver tout naturel, puisque c’était une création française, — qu’une côte nouvelle, d’une étrange contexture, avait surgi en avant du littoral tripolitain, et qu’elle remontait au nord, en suivant le douzième méridien, à peu près jusqu’à la hauteur de Malte.

« Et cette île anglaise, se hâta d’ajouter le capitaine Servadac, Malte avec sa ville, sa Goulette, ses forts, ses soldats, ses officiers et son gouverneur, est allée, elle aussi, rejoindre l’Algérie dans l’abîme. »

Le front des deux Anglais s’obscurcit un instant, mais presque aussitôt leur physionomie exprima le doute le mieux caractérisé à l’égard de ce que venait de dire l’officier français.

« Cet engloutissement absolu est assez difficile à admettre, fit observer le brigadier Murphy.

— Pourquoi ? demanda le capitaine Servadac.

— Malte est une île anglaise, répondit le major Oliphant, et, en cette qualité…

— Elle a disparu aussi bien que si elle eût été chinoise ! riposta le capitaine Servadac.

— Peut-être avez-vous fait erreur dans vos relèvements pendant le voyage de la goëlette.

— Non, messieurs, dit le comte Timascheff, aucune erreur n’a été commise, et il faut bien se rendre à