Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/176

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que le pôle sud tombait dans le désert africain, à la hauteur du vingt-neuvième parallèle.

Maintenant, le lieutenant Procope avait-il raison de persister dans ce nouveau système ? Un bloc avait-il été réellement arraché au globe terrestre ? Impossible de se prononcer. À l’avenir appartenait la solution du problème ; mais peut-être n’est-il pas téméraire d’admettre que s’il ne découvrait pas encore l’entière vérité, le lieutenant Procope avait fait un pas vers elle.

La Dobryna avait retrouvé un temps magnifique, au delà de l’étroit pertuis qui unissait les deux extrémités de la Méditerranée dans les parages de Gibraltar. Le vent même la favorisait, et, sous la double action de la brise et de la vapeur, elle s’éleva rapidement dans le nord.

On dit le nord et non l’est, parce que le littoral espagnol avait totalement disparu, au moins dans la partie comprise autrefois entre Gibraltar et Alicante. Ni Malaga, ni Alméria, ni le cap de Gata, ni le cap de Palos, ni Carthagène n’occupaient la place que leur assignaient leurs coordonnées géographiques. La mer avait recouvert toute cette partie de la péninsule hispanique, et la goëlette dut s’avancer jusqu’à la hauteur de Séville pour retrouver, non pas le rivage andalou, mais une falaise identique à celle qu’elle avait déjà relevée au delà de Malte.

À partir de ce point, la mer mordait profondément le nouveau continent, en formant un angle aigu, dont