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nue indispensable, du littoral méditerranéen. Aussi la goëlette suivait-elle toujours, en le rasant d’aussi près que possible, le nouveau cadre de ce bassin qui, très-vraisemblablement, formait l’unique mer de Gallia.

La côte supérieure de l’énorme promontoire rejoignait l’endroit même qu’aurait dû occuper Barcelone sur le littoral ibérien ; mais ce littoral, aussi bien que l’importante ville, avait disparu, et, sans doute, il était enfoui sous ces eaux dont le ressac battait la nouvelle falaise un peu en arrière. Puis, cette falaise, s’infléchissant vers le nord-est, venait remordre sur la mer, précisément au cap de Creus.

Du cap de Creus, il ne restait plus rien.

Là commençait la frontière française, et l’on comprend ce que durent être les pensées du capitaine Servadac, quand il vit qu’un nouveau sol s’était substitué au sol de son pays. Une infranchissable barrière s’élevait en avant du littoral français, et elle n’en laissait plus rien voir. Dressée comme une muraille à pic, haute de plus de mille pieds, n’offrant pas une seule rampe accessible, aussi aride, aussi abrupte, aussi « neuve » qu’on l’avait vue à l’autre bout de la Méditerranée, elle se développait sur le parallèle même où auraient dû se dessiner ces rivages charmants de la France méridionale.

De si près que la goëlette prolongeât cette côte, rien ne lui apparut de ce qui formait autrefois la lisière maritime du département des Pyrénées-Orien-