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que jamais aucun torrent n’y avait précipité ses eaux tumultueuses. Les roches de son lit, aussi bien que celles qui formaient talus de chaque côté, présentaient cette même contexture lamelleuse observée jusqu’ici, et elles ne semblaient pas avoir été soumises encore aux effets de la désagrégation séculaire. Un géologue eût probablement déterminé leur véritable place dans l’échelle lithologique, mais ni le comte Timascheff, ni l’officier d’état-major, ni le lieutenant Procope ne purent en reconnaître la nature.

Cependant, si le ravin n’offrait aucune trace d’humidité ancienne ou récente, on pouvait déjà prévoir que, les conditions climatériques étant radicalement changées, il servirait un jour d’exutoire à des masses d’eau considérables.

En effet, déjà quelques plaques de neige étincelaient en maint endroit sur les pentes des talus, et elles devenaient plus larges, plus épaisses en tapissant les croupes élevées de la falaise. Très-probablement, les crêtes, et peut-être toute la contrée au delà de la muraille, disparaissaient sous la croûte blanche des glaciers.

« Voilà donc, fit observer le comte Timascheff, les premières traces d’eau douce que nous trouvons à la surface de Gallia.

— Oui, répondit le lieutenant Procope, et, sans doute, à une plus grande hauteur, non-seulement la neige, mais les glaces se seront formées sous l’influence du froid qui s’accroît sans cesse. N’oublions