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tant de phénomènes cosmiques qui avaient si profondément modifié la surface de Gallia.

Mais les craintes de l’officier d’état-major ne se réalisèrent pas. L’île Gourbi était là, et même, — détail assez bizarre, — avant d’atteindre le port du Chéliff, Hector Servadac put constater qu’un nuage d’un aspect tout particulier se développait à une centaine de pieds au-dessus du sol de son domaine.

Lorsque la goëlette ne fut plus qu’à quelques encablures de la côte, ce nuage apparut comme une masse épaisse qui s’abaissait et s’élevait automatiquement dans l’atmosphère. Le capitaine Servadac reconnut alors que ce n’était point là une agglomération de vapeurs réduites à l’état vésiculaire, mais une agglomération d’oiseaux, pressés dans l’air comme les bandes de harengs le sont dans l’eau. De cette énorme nuée s’échappaient des cris assourdissants, auxquels répondaient, d’ailleurs, de fréquentes détonations.

La Dobryna signala son arrivée par un coup de canon et vint mouiller dans le petit port de Chéliff.

À ce moment, un homme, le fusil à la main, accourut, et d’un bond il s’élança sur les premières roches.

C’était Ben-Zouf.

Ben-Zouf resta d’abord immobile, les yeux fixés à quinze pas, « autant que la conformation de l’homme le permet », comme disent les sergents instructeurs, et avec toutes les marques extérieures de respect. Mais le brave soldat ne put y tenir, et, se précipitant