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Espagnols, que devenait Isac Hakhabut, demeuré au mouillage de l’île Gourbi ?

Isac Hakhabut, toujours incrédule, sourd à toutes les preuves que, par humanité, on avait accumulées pour vaincre sa méfiance, était resté à bord de sa tartane, veillant sur sa marchandise comme un avare sur son trésor, grommelant, gémissant, regardant à l’horizon, mais en vain, si quelque navire ne se présenterait pas en vue de l’île Gourbi. On était, d’ailleurs, débarrassé de sa vilaine figure à Nina-Ruche, et on ne s’en plaignait pas. — Isac avait formellement déclaré qu’il ne livrerait sa marchandise que contre argent ayant cours. Aussi, le capitaine Servadac avait-il défendu, en même temps qu’on lui prît quoi que ce soit, qu’on lui achetât quoi que ce fût. On verrait bien si cet entêté céderait devant la nécessité qui le presserait bientôt, et devant la réalité dont il serait convaincu avant peu.

Il était bien évident, du reste, qu’Isac Hakhabut n’admettait en aucune façon la situation redoutable, acceptée par les autres, faite à la petite colonie. Il se croyait toujours sur le sphéroïde terrestre dont un cataclysme avait modifié quelques portions seulement, et il comptait que, tôt ou tard, les moyens lui seraient donnés de quitter l’île Gourbi pour aller reprendre son commerce sur le littoral méditerranéen. Avec sa défiance de tout et tous, il s’imaginait que quelque trame avait été ourdie contre lui pour le