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toasts, dont la cave de la Dobryna fournit les éléments en vins de France, furent portés au gouverneur général et à son « conseil d’administration ». Ben-Zouf, naturellement, en prit pour lui une bonne part.

Ce fut très-gai. Les Espagnols se signalèrent par leur entrain. L’un prit sa guitare, l’autre ses castagnettes, et tous de chanter en chœur. À son tour, Ben-Zouf fit entendre le célèbre « refrain du zouave », si connu dans l’armée française, mais dont le charme ne peut être apprécié que de ceux qui l’ont entendu exécuter par un virtuose tel que l’ordonnance du capitaine Servadac :

Misti golh dar dar tire lyre !
Flic ! floc ! flac ! lirette, lira !
Far la rira,
Tour tala rire,
Tour la Pribaud,
Ricandeau,
Sans repos, répit, répit repos, ris pot, ripette !
Si vous attrapez mon refrain,
Fameux vous êtes.

Puis, un bal fut improvisé, — le premier, sans doute, qui eût été donné sur Gallia. Les matelots russes essayèrent quelques danses de leur pays, que le public goûta fort, même après les merveilleux fandangos des Espagnols. Un pas, très-connu à l’Élysée-Montmartre, fut même exécuté par Ben-Zouf avec autant d’élégance que de vigueur, et valut à l’aimable chorégraphe les sincères compliments de Negrete.