Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/273

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joignit à son ordonnance de ne plus lui donner cette appellation honorifique.

« Cependant, Monseigneur ?… répondait invariablement Ben-Zouf.

— Te tairas-tu, animal !

— Oui, Monseigneur ! »

Enfin, — le capitaine Servadac, ne sachant plus comment se faire, obéir, dit un jour à Ben-Zouf :

« Veux-tu enfin renoncer à m’appeler Monseigneur !

— Comme il vous plaira, Monseigneur, répondit Ben-Zouf :

— Mais, entêté, sais-tu bien ce que tu fais en m’appelant ainsi ?

— Non, Monseigneur.

— Ignores-tu ce que veut dire ce mot, que tu emploies sans même le comprendre ?

— Non, Monseigneur !

— Eh bien, cela veut dire : « Mon vieux » en latin, et tu manques au respect dû à ton supérieur, quand tu l’appelles mon vieux ! »

Et, ma foi, depuis cette petite leçon, l’honorifique qualification disparut du vocabulaire de Ben-Zouf.

Cependant, les grands froids n’étaient pas arrivés avec la dernière quinzaine de mars, et, par conséquent, Hector Servadac et ses compagnons ne se séquestrèrent pas encore. Quelques excursions furent même organisées le long du littoral et à la surface de ce nouveau continent. On l’explora dans un rayon de