Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/279

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plus excessifs, ne se prolongent jamais. Ici, cette eau de feu coulait avec tant de régularité, s’épanchait avec tant de calme, que la source qui l’alimentait semblait devoir être intarissable. En présence des chutes du Niagara, dont les eaux d’amont glissent si paisiblement sur le trapp de leur lit, la pensée ne vient pas qu’elles puissent s’arrêter jamais dans leur course. Au sommet de ce volcan, l’effet était le même, et la raison eût refusé d’admettre que ces laves ne dussent pas éternellement déborder de leur cratère.

Ce jour-là, un changement se produisit dans l’état physique de l’un des éléments de Gallia ; mais il faut constater qu’il fut l’œuvre des colons eux-mêmes.

En effet, toute la colonie étant installée à la Terre-Chaude, après l’entier déménagement de l’île Gourbi, il parut convenable de provoquer la solidification de la surface de la mer Gallienne. Les communications avec l’île seraient alors possibles sur les eaux glacées, et les chasseurs verraient par là même s’agrandir leur terrain de chasse. Donc, ce jour-là, le capitaine Servadac, le comte Timascheff et le lieutenant Procope réunirent toute la population sur un rocher qui dominait la mer à l’extrémité même du promontoire.

Malgré l’abaissement de la température, la mer était liquide encore. Cette circonstance était due à son absolue immobilité, car pas un souffle d’air n’en troublait la surface. Dans ces conditions, on le sait, l’eau peut, sans se congeler, supporter un cer-