Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/292

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ces intrus finirent par se considérer comme locataires du lieu et n’en laissèrent-ils aucun autre s’y introduire. Il y eut donc comme une trêve des partis qui luttaient pour l’indépendance de leur domicile, et, par tacite transaction, on laissa ces entêtés faire la police de l’habitation. Et comme ils la faisaient ! Le malheureux oiseau, égaré dans les galeries, sans droit ni privilège, était vite chassé ou occis par ses impitoyables congénères.

Un jour, le 15 avril, des cris retentirent vers l’orifice de la galerie principale. C’était Nina qui appelait à son secours.

Pablo reconnut sa voix, et, devançant Ben-Zouf, il se hâta d’accourir à l’aide de sa petite amie.

« Viens ! viens ! criait Nina. Ils veulent me le tuer ! »

Pablo, se précipitant, aperçût une demi-douzaine de gros goëlands qui étaient aux prises avec la petite fille. Armé d’un bâton, il se jeta dans la mêlée et parvint à chasser ces rapaces oiseaux de mer, non sans avoir reçu quelques bons coups de bec.

« Qu’as-tu donc, Nina ? demanda-t-il.

— Tiens, Pablo ! » répondit la petite fille, en montrant un oiseau qu’elle serrait contre sa poitrine.

Ben-Zouf, qui arrivait en ce moment, prit l’oiseau des mains de la petite fille et s’écria :

— « C’est un pigeon ! »

C’était, en effet, un pigeon, et même un échantillon de l’espèce des pigeons voyageurs, car il avait les