Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/45

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taganem ! Que dira le ministre de la guerre, lorsqu’il aura appris par télégramme que sa colonie d’Afrique est désorientée au physique comme elle ne l’a, en aucun temps, été au moral ?

— La colonie d’Afrique, répondit Ben-Zouf, on la fourrera tout entière à la salle de police !

— Et que les points cardinaux sont en désaccord complet avec les règlements militaires !

— Aux compagnies de discipline, les points cardinaux !

— Et qu’au mois de janvier, le soleil vient me frapper perpendiculairement de ses rayons !

— Frapper un officier ! Fusillé le soleil ! »

Ah ! c’est que Ben-Zouf était à cheval sur la discipline.

Cependant, Hector Servadac et lui se hâtaient le plus possible. Servis par l’extraordinaire légèreté spécifique, devenue leur essence même, faits déjà à cette décompression de l’air qui rendait leur respiration plus haletante, ils couraient mieux que des lièvres, ils bondissaient comme des chamois. Ils ne suivaient plus le sentier qui serpentait au sommet de la falaise et dont les détours eussent allongé leur route. Ils se dirigeaient par le plus court, — à vol d’oiseau, comme on dit sur l’ancien continent, — à vol d’abeilles, comme on dit sur le nouveau. Nul obstacle ne pouvait les arrêter. Une haie, ils s’élançaient par-dessus ; un ruisseau, ils le franchissaient d’un bond ; un rideau d’ar-