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Aucun isthme ne rattachait ce territoire à celui de Tenez, qui avait disparu. Ce n’était donc point une presqu’île, mais une île que les deux explorateurs venaient d’explorer. Des hauteurs qu’il occupait, le capitaine Servadac fut obligé, à sa grande surprise, de constater que la mer l’entourait de toutes parts, et, si loin que se portassent ses regards, il ne put découvrir aucune apparence de terre.

Cette île, nouvellement découpée dans le sol algérien, affectait la forme d’un quadrilatère irrégulier, presque un triangle, dont le périmètre pouvait se décomposer ainsi : cent vingt kilomètres sur l’ancienne rive droite du Chéliff ; trente-cinq kilomètres du sud au nord, en remontant vers la chaîne du Petit-Atlas ; trente kilomètres d’une ligne oblique qui aboutissait à la mer, et cent kilomètres de l’ancien littoral de la Méditerranée. En tout, deux cent quatre-vingt-cinq kilomètres.

« Très-bien ! dit l’officier, mais pourquoi ?

— Bah ! Pourquoi pas ? répondit Ben-Zouf. C’est comme ça, parce que c’est comme ça ! Si le Père éternel l’a voulu, mon capitaine, faudra s’en arranger tout de même ! »

Tous deux redescendirent la montagne et reprirent leurs chevaux, qui broutaient tranquillement l’herbe verte. Ce jour-là, ils poussèrent jusqu’au littoral de la Méditerranée, sans trouver aucun vestige de la petite ville de Montenotte, disparue comme Tenez, dont pas