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de la Terre-Chaude. Grâce à ses marchés, qui se feraient nécessairement en hausse, Isac Hakhabut espérait bien avoir avant peu accaparé tout l’or et tout l’argent de la colonie.

« Seulement, se disait-il en méditant dans son étroite cabine, la valeur de ma cargaison est supérieure à celle de l’argent dont ces gens-là peuvent disposer. Or, quand j’aurai tout dans mon coffre, comment pourront-ils m’acheter le restant de mes marchandises ? »

Cette éventualité ne laissait pas d’inquiéter le digne homme. Toutefois il se souvint fort à propos qu’il n’était pas seulement commerçant, mais aussi prêteur, ou, pour dire le mot, usurier. Ne pouvait-il donc continuer sur Gallia ce lucratif métier qui lui réussissait si bien sur la terre ? La dernière opération qu’il eût faite en ce genre était bien pour l’allécher.

Or, Isac Hakhabut, — esprit logique, — fut amené peu à peu à faire le raisonnement suivant :

« Lorsque ces gens-là n’auront plus d’argent, j’aurai encore des marchandises, puisqu’elles se seront toujours tenues à de hauts prix. Qui m’empêchera de leur prêter alors, j’entends à ceux dont la signature me semblera bonne ? Eh ! eh ! pour avoir été signés sur Gallia, ces billets n’en seront pas moins bons, sur la terre ! S’ils ne sont pas payés à l’échéance, je les ferai protester, et les huissiers iront de l’avant. L’Éternel ne défend pas aux hommes de faire valoir leur bien. Au contraire. Il y a là un capitaine Servadac et surtout un comte Timas-