Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/149

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— J’ai dit, reprit le capitaine Servadac, que nous viendrions « acheter », vous entendez ? Acheter, j’imagine, c’est prendre livraison d’une marchandise contre un prix convenu. Par conséquent, vous n’avez que faire de commencer vos jérémiades.

— Ah ! monsieur le gouverneur, répondit Isac, dont la voix tremblotait comme celle d’un pauvre diable qui demande l’aumône, j’entends bien ! Je sais que vous ne laisseriez pas dépouiller un malheureux commerçant dont toute la fortune est si compromise !

— Elle n’est aucunement compromise, Isac, et je vous répète qu’on ne vous prendra rien sans payer.

— Sans payer… comptant ?

— Comptant.

— Vous comprenez, monsieur le gouverneur, reprit Isac Hakhabut, qu’il me serait impossible de faire crédit… »

Le capitaine Servadac, suivant son habitude et pour étudier ce type sous toutes ses faces, le laissait dire. Ce que voyant, l’autre continua de plus belle :

« Je crois… oui… je pense… qu’il y a à la Terre-Chaude des personnes très-honorables… j’entends très-solvables… monsieur le comte Timascheff… monsieur le gouverneur lui-même… »

Hector Servadac eut un instant l’envie de le payer d’un coup de pied quelque part.

« Mais vous comprenez… reprit doucereusement Isac Hakhabut, si je faisais crédit à l’un, je serais fort em-