Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/152

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— C’est précisément ce que je veux vous empêcher de faire !

— Jamais pareille occasion ne se représentera…

— D’écorcher vos semblables, maître Isac. Eh bien, j’en suis fâché pour vous… Mais n’oubliez pas que, dans l’intérêt commun, j’aurais le droit de disposer de vos marchandises…

— Disposer de ce qui m’appartient légitimement aux yeux de l’Éternel !

— Oui… maître Isac… répondit le capitaine, mais je perdrais mon temps à vouloir vous faire comprendre cette vérité si simple ! Prenez donc le parti de m’obéir, et tenez-vous pour satisfait de vendre à un prix quelconque, lorsqu’on pourrait vous obliger à donner. »

Isac Hakhabut allait recommencer ses lamentations ; mais le capitaine Servadac y coupa court en se retirant sur ces derniers mots :

« Les prix d’Europe, maître Isac, les prix d’Europe ! »

Isac passa la reste du jour à invectiver le gouverneur et toute la colonie gallienne, qui prétendaient lui imposer « le maximum », comme aux mauvais temps des révolutions. Et il ne sembla se consoler dans une certaine mesure qu’après avoir fait cette réflexion, à laquelle il attachait évidemment un sens particulier :

« Allez, allez, gens de mauvaise race ! On les subira vos prix d’Europe ! Mais j’y gagnerai encore plus que vous ne pensez ! »

Le lendemain, 16 novembre, le capitaine Servadac,