Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/155

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« Eh bien, maître Isac, répondit le capitaine, qui gardait imperturbablement son sérieux, vous voyez bien que j’avais raison en vous obligeant à peser ce paquet ?

— Mais, monsieur le gouverneur…

— Ajoutez ce qu’il faut de tabac pour parfaire un kilogramme.

— Mais, monsieur le gouverneur…

— Allons, ajoute !… dit Ben-Zouf.

— Mais, monsieur Ben-Zouf !… »

Et le malheureux Isac ne sortait pas de là ! Il avait bien compris ce phénomène de moindre attraction. Il voyait bien que tous « ces mécréants » allaient se rattraper, par la diminution du poids, du prix qu’il obligeait ses acheteurs à lui payer. Ah ! s’il avait eu des balances ordinaires, cela ne serait pas arrivé, ainsi que cela a été expliqué déjà dans une autre circonstance. Mais il n’en avait pas.

Il essaya de réclamer encore, d’attendrir le capitaine Servadac. Celui-ci paraissait vouloir rester inflexible. Ce n’était ni sa faute, ni celle de ses compagnons ; mais il avait la prétention que l’aiguille du peson indiquât un kilogramme, quand il payait un kilogramme.

Isac Hakhabut dut donc s’exécuter, non sans mêler ses gémissements aux éclats de rire de Ben-Zouf et des matelots russes. Que de plaisanteries, que de quolibets ! En fin de compte, pour un kilogramme de tabac, il dut