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s’égarer dans les ténèbres et rentrer ensemble à la Terre-Chaude. L’obscurité devait être profonde, car la lune, en conjonction avec le soleil, était perdue dans sa vague irradiation.

La nuit était venue. Les étoiles ne versaient plus au sol gallien que cette « pâle clarté » dont parle Corneille. Les torches furent alors allumées, et, pendant que les porteurs glissaient rapidement, leurs flammes, comme un fanion déployé à la brise, se rabattaient longuement en arrière, en s’avivant par la vitesse.

Une heure après, le haut littoral de la Terre-Chaude apparaissait confusément comme un énorme nuage noir à l’horizon. Il n’y avait pas à s’y tromper. Le volcan le dominait de haut et projetait dans l’ombre une lueur intense. La réverbération des laves incandescentes, se faisant sur le miroir de glaces, frappait le groupe des patineurs et laissait s’allonger derrière lui des ombres démesurées.

Ce fut ainsi pendant une demi-heure environ. On s’approchait rapidement du littoral, quand soudain un cri se fit entendre.

C’était Ben-Zouf qui avait poussé ce cri. Chacun enraya sa course, en mordant la glace de son patin d’acier.

Alors, à la lueur des torches qui étaient près de s’éteindre, on vit que Ben-Zouf tendait son bras vers le littoral.

Un cri, parti de toutes les bouches, répondit alors à celui que Ben-Zouf avait jeté !…