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reposèrent-ils comme des philosophes que rien ne peut émouvoir.

Ben-Zouf, métamorphosé en infirmier, ne quitta pas le chevet du professeur Rosette. Il en avait fait sa chose. Il s’était engagé à le remettre sur pied. Son honneur était en jeu. Aussi, comme il le dorlotait ! À la moindre occasion, quelles puissantes gouttes de cordial il lui administrait ! Comme il comptait ses soupirs ! Comme il guettait les paroles qui s’échappaient de ses lèvres ! La vérité oblige à dire que le nom de Gallia revenait souvent dans le sommeil agité de Palmyrin Rosette, les intonations variant de l’inquiétude à la colère. Le professeur rêvait-il donc qu’on voulait lui voler sa comète, qu’on lui contestait la découverte de Gallia, qu’on le chicanait sur la priorité de ses observations et de ses calculs ? c’était vraisemblable. Palmyrin Rosette était de ces gens qui ragent, même en dormant.

Mais, si attentif que fût le garde-malade, il ne surprit rien, dans ces paroles incohérentes, qui fût de nature à résoudre le grand problème. D’autre part, le professeur dormit toute la nuit, et ses soupirs, légers au début, se changèrent bientôt en ronflements sonores, du meilleur augure !

Lorsque le soleil se leva sur l’horizon occidental de Gallia, Palmyrin Rosette reposait encore, et Ben-Zouf jugea cependant convenable de respecter son sommeil. D’ailleurs, à ce moment, l’atten-