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Isac Hakhabut soupira et se tut.

Le 25 décembre arriva. Tous les préparatifs de départ étaient terminés. On fêta la Noël comme on l’avait fêtée un an auparavant, mais avec un plus vif sentiment religieux. Quant au prochain jour de l’an, c’était sur terre que tous ces braves gens comptaient bien le célébrer, et Ben-Zouf alla jusqu’à promettre de belles étrennes au jeune Pablo et à la petite fille.

« Voyez-vous, leur dit-il, c’est comme si vous les teniez ! »

Bien que cela soit peut-être difficile à admettre, à mesure que le moment suprême approchait, le capitaine Servadac et le comte Timascheff pensaient à toute autre chose qu’aux dangers de l’atterrissage. La froideur qu’ils se témoignaient n’était point feinte. Ces deux années qu’ils venaient de passer ensemble loin de la terre, c’était pour eux comme un rêve oublié, et ils allaient se retrouver sur le terrain de la réalité, en face l’un de l’autre. Une image charmante se plaçait entre eux et les empêchait de se voir comme autrefois.

Et c’est alors que vint au capitaine Servadac la pensée d’achever ce fameux rondeau, dont le dernier quatrain était resté inachevé. Quelques vers encore, et ce délicieux petit poëme serait complet. C’était un poëte que Gallia avait enlevé à la terre, ce serait un poëte qu’elle lui rendrait !