Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/60

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Le professeur demeura donc à Formentera, et avec d’autant plus d’obstination que, d’après ses calculs, l’astre chevelu devait frapper la terre dans le sud de l’Algérie. Or, il voulait être là, car, la comète étant une comète à noyau dur, « cela serait fort curieux ! »

Le choc se produisit avec tous les effets que l’on connaît. Mais il arriva ceci : c’est que Palmyrin Rosette fut instantanément séparé de son domestique Joseph ! Et, lorsqu’il revint d’un assez long évanouissement, il se trouva seul sur un îlot. C’était tout ce qui restait de l’archipel des Baléares.

Telle fut l’histoire racontée par le professeur, avec nombre d’interjections et de froncements de sourcils que ne justifiait aucunement l’attitude complaisante de ses auditeurs. Il finit en disant :

« Des modifications importantes s’étaient produites : déplacement des points cardinaux, diminution de l’intensité de la pesanteur. Mais je ne fus pas induit comme vous, messieurs, à croire que j’étais encore sur le sphéroïde terrestre ! Non ! La terre continuait à graviter dans l’espace, accompagnée de sa lune qui ne l’avait point abandonnée, et suivait son orbite normale que n’avait pas dérangée le choc. Elle n’avait été, d’ailleurs, qu’effleurée pour ainsi dire par la comète, et n’y avait perdu que ces quelques portions insignifiantes que vous avez retrouvées. Tout s’est donc passé pour le mieux, et nous n’avons pas à nous plaindre. En effet, ou nous pouvions être écrasés au heurt de la comète,