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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.


VI


Il va de soi que, dès ce jour, il ne fut plus question que du grave événement qui passionnait la bourgade. Ce grand artiste, qui avait nom Effarane, doublé d’un grand inventeur, se faisait fort d’enrichir notre orgue d’un registre de voix enfantines. Et alors, à la prochaine Noël, après les bergers et les mages accompagnés par les trompettes, les bourdons et les flûtes, on entendrait les voix fraîches et cristallines des anges papillonnant autour du petit Jésus et de sa divine Mère.

Les travaux de réparation avaient commencé dès le lendemain ; maître Effarane et son aide s’étaient mis à l’ouvrage. Pendant les récréations, moi et quelques autres de l’école nous venions les voir. On nous laissait monter à la tribune sous condition de ne point gêner. Tout le buffet était ouvert, réduit à l’état rudimentaire. Un orgue n’est qu’une flûte de Pan, adaptée à un sommier, avec soufflet et registre, c’est-à-dire une règle mobile qui régit l’entrée du vent. Le nôtre était d’un grand modèle comportant vingt-quatre jeux principaux, quatre claviers de cinquante-quatre touches, et aussi un clavier de pédales pour basses fondamentales de deux octaves. Combien nous parais-