Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/122

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enfants ; car c’est la coutume, en ces provinces, que les pauvres femmes jettent leurs enfants dès qu’ils sont nés, quand elles ne peuvent les nourrir. Le roi les faisait tous prendre, puis faisait inscrire sous quel signe et sous quelle planète ils étaient nés, puis les donnait à nourrir en divers lieux, car il y a des nourrices en quantité. Quand un riche homme n’avait pas de fils, il venait au roi et s’en faisait donner tant qu’il voulait, et ceux qu’il aimait le mieux. Puis le roi, quand les garçons et les filles étaient en âge d’être mariés, les mariait ensemble et leur donnait de quoi vivre ; et de cette manière, chaque année il en élevait bien vingt mille, tant mâles que femelles. Quand il allait par quelque chemin et qu’il voyait une petite maison au milieu de deux grandes, il demandait pourquoi cette petite maison n’était pas aussi grande que les autres, et si on lui disait que c’était parce qu’elle était à un pauvre homme qui ne pouvait la faire bâtir, il la faisait aussitôt faire aussi belle et aussi haute que les autres. Ce roi se faisait toujours servir par mille damoiseaux et mille damoiselles. Il maintenait une justice si sévère en son royaume, que jamais il ne s’y commettait aucun crime ; la nuit, les maisons des marchands restaient ouvertes, et nul n’y prenait rien ; l’on pouvait aussi bien voyager de nuit que de jour. »

À l’entrée de la province du Mangi, Marco Polo rencontra la ville de Coigangui, actuellement Hoaï-gnan-fou, qui est située sur les bords du fleuve Jaune, et dont la principale industrie est la fabrication du sel qu’elle