Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

marchands du Mangi venaient fréquemment trafiquer avec les indigènes de cette partie de l’Inde, qui leur fournissaient des cargaisons d’épices excellentes, des bougrans précieux et autres marchandises de prix ; mais leurs vaisseaux étaient trop souvent pillés par les pirates de la côte, qui passaient justement pour des gens de mer très-redoutables. Ces pirates habitaient plus particulièrement la presqu’île de Gohurat, aujourd’hui Goudjarate, vers laquelle la flottille se dirigea après avoir eu connaissance de Tanat, contrée où l’on recueille l’encens brun, et de Canbaot, maintenant Kambayet, ville qui fait un important trafic de cuirs. Après avoir visité Sumenat, cité de la presqu’île, dont les habitants sont idolâtres, cruels et féroces, puis Kesmacoran, probablement la cité actuelle de Kedge, capitale de cette contrée du Makran située à l’est de l’Indus, près de la mer, et la dernière ville de l’Inde entre l’occident et le nord, Marco Polo, au lieu de remonter vers la Perse, où l’attendait le fiancé de la princesse tartare, s’élança vers l’ouest à travers la vaste mer d’Oman.

Son insatiable passion d’explorateur l’entraîna ainsi pendant cinq cents milles jusqu’aux rivages de l’Arabie, où il relâcha aux îles Mâle et Femelle, ainsi nommées parce que l’une est uniquement habitée par les hommes et l’autre par leurs femmes, qu’ils ne visitent que pendant les mois de mars, d’avril et de mai. En quittant ces îlots, la flotte fit voile au sud vers l’île de Socotora, située à l’entrée du golfe d’Aden, et dont Marco Polo reconnut diverses parties. Il parle des habitants de So-