Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manquant de vivres, dut revenir, et il gagna l’îlot de Lobos, situé entre Lancerote et Fortaventure. Mais, là, son chef marinier se révolta contre lui, et ce ne fut pas sans difficulté que Gadifer revint avec le baron au fort de l’île Lancerote.

Jean de Béthencourt résolut alors de retourner en Espagne, afin de ramener des approvisionnements et un nouveau contingent d’hommes d’armes, car il ne pouvait plus compter sur son équipage. Il laissa donc le commandement général des îles à Gadifer ; puis, prenant congé de toute la compagnie, il fit voile vers l’Espagne sur un navire appartenant à Gadifer.

On se rappelle que Jean de Béthencourt avait nommé Berthin de Berneval commandant du fort de l’île de Lancerote. Ce Berneval était un ennemi personnel de Gadifer. Le chevalier normand était à peine sorti que Berneval chercha à corrompre ses compagnons, et il parvint à entraîner un certain nombre d’entre eux, particulièrement des Gascons, à se révolter contre le gouverneur. Celui-ci, ne soupçonnant en aucune façon la conduite de Berneval, s’occupait de faire la chasse aux loups marins sur l’îlot de Lobos, en compagnie de son ami Remonnet de Levéden et de plusieurs autres. Ce Remonnet, ayant été envoyé à Lancerote pour y faire des vivres, n’y trouva plus Berneval, qui avait abandonné l’île avec ses complices, pour se rendre à un port de l’île Gracieuse, où un patron de nef, trompé par ses promesses, avait mis son navire à sa disposition.

De l’île Gracieuse, le traître Berneval revint à Lance-