Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/164

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ration. Après avoir passé à gué un fort cours d’eau, il entra dans un magnifique vallon ombragé par huit cents palmiers. Puis, s’étant reposé et restauré, il reprit sa route en gravissant une longue côte.

Là apparurent une cinquantaine d’indigènes qui, entourant la petite troupe, menacèrent de l’exterminer. Gadifer et ses compagnons firent bonne contenance et parvinrent à mettre leurs ennemis en fuite, et ils purent vers le soir regagner leur navire, emmenant quatre femmes prisonnières.

Le lendemain, Gadifer quitta Fortaventure et vint aborder à la Grande-Canarie, dans un grand port entre Teldès et Argonnez. Cinq cents indigènes vinrent au-devant de lui, mais sans faire de démonstrations hostiles ; ils échangèrent contre des hameçons et de la ferraille des productions du pays, telles que des figues et du sangdragon, substance résineuse tirée du dragonnier, dont l’odeur balsamique est fort agréable. Seulement, ces Canariens se tenaient en garde contre les étrangers, car ils avaient eu à se plaindre des gens du capitaine Lopez, qui, vingt ans auparavant, avaient fait irruption dans l’île, et ils ne permirent point à Gadifer de descendre à terre.

Le gouverneur dut donc appareiller sans avoir exploré la Grande-Canarie, et il se dirigea vers l’île de Fer ; après l’avoir seulement côtoyée, son navire arriva de nuit à l’île de Gomère, sur laquelle brillaient les feux des indigènes. Quand le jour fut venu, quelques-uns des compagnons de Gadifer voulurent débarquer ; mais