Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/234

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zaine de cases non habitées. L’amiral reprit alors la mer, et longea la côte méridionale de Porto-Rico pendant une cinquantaine de lieues.

Le vendredi 12 novembre, Colomb abordait enfin sur l’île Espagnole. On se figure de quelles émotions il devait être agité en revoyant le théâtre de ses premiers succès, en cherchant des yeux cette forteresse dans laquelle il avait abrité ses compagnons. Qu’était-il arrivé depuis un an à ces Européens abandonnés sur ces terres sauvages ? En ce moment, un grand canot, monté par le frère du cacique Guacanagari, vint au devant de la Marie-Galante, et cet indigène, s’élançant à bord, offrit deux images d’or à l’Amiral.

Cependant Christophe Colomb cherchait à apercevoir sa forteresse, et, bien qu’il fût mouillé en face de l’emplacement sur lequel il l’avait fait construire, il n’en voyait pas la moindre trace. Très-inquiet du sort de ses compagnons, il descendit à terre. Là, quelle fut sa stupéfaction, quand de cette forteresse il ne trouva plus que des cendres ! Qu’étaient devenus ses compatriotes ? Avaient-ils payé de leur vie cette première tentative de colonisation ? L’Amiral fit décharger à la fois toute l’artillerie des vaisseaux pour annoncer jusqu’au loin son arrivée devant l’île Espagnole. Mais aucun de ses compagnons ne parut.

Colomb, désespéré, envoya aussitôt des messagers au cacique Guacanagari. Ceux-ci, à leur retour, rapportèrent de funestes nouvelles. S’il fallait en croire Guacanagari, d’autres caciques, irrités de la présence des