Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/285

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trois ou quatre matelots et Gama lui-même, en essayant de tirer de leurs mains un certain Velloso, qui s’était imprudemment enfoncé dans l’intérieur du pays, — événement qui a fourni à Camoëns un des plus charmants épisodes des Lusiades.

En quittant Santa-Ellena, Pero de Alemquer, l’ancien pilote de Dias, déclara qu’il se croyait à trente lieues du Cap ; mais, dans le doute, on prit le large, et, le 18 novembre la flotte se trouva en vue du cap de Bonne-Espérance, qu’elle doubla le lendemain avec vent en poupe.

Le 25, les navires atterrirent à la baie Sam Braz, où ils restèrent treize jours, pendant lesquels on démolit le bâtiment porteur des approvisionnements, qui furent répartis sur les trois navires. Durant leur séjour, les Portugais donnèrent aux Boschis des grelots et d’autres objets qu’ils les virent accepter avec surprise, car, lors du voyage de Dias, les nègres s’étaient montrés craintifs, hostiles même, et avaient défendu l’aiguade à coups de pierres. Bien plus, ils amenèrent des bœufs et des moutons, et, pour témoigner leur satisfaction du séjour des Portugais, « ils commencèrent, dit Nicolas Velho, à faire résonner quatre ou cinq flûtes, les uns jouant haut, les autres bas, concertant à merveille pour des nègres dont on n’attend guère de la musique. Ils dansaient aussi, comme dansent les noirs, et le capitam mõr ordonna de sonner les trompettes, et nous, dans nos chaloupes, nous dansions, le capitam mõr dansant aussi après être revenu parmi nous. »