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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

exactement, ce qui laissait une porte ouverte aux contestations et aux interprétations arbitraires.

Fernand Pizarre n’avait pas encore regagné le Pérou qu’Almagro, ayant reçu la nouvelle qu’un gouvernement spécial lui avait été confié, prétendit que Cusco en dépendait et prit ses dispositions pour en faire la conquête. Mais Jean et Gonzalo Pizarre n’entendaient point se laisser dépouiller. On était sur le point d’en venir aux mains, lorsque François Pizarre, qu’on appelle souvent le Marquis ou le grand Marquis, arriva dans la capitale.

Jamais Almagro n’avait pu pardonner à ce dernier la duplicité dont il avait fait preuve dans ses négociations avec Charles-Quint, ni la désinvolture avec laquelle il s’était fait attribuer aux dépens de ses deux associés la plus grosse part d’autorité et le gouvernement le plus étendu. Mais, comme il rencontra une grande opposition à ses desseins, comme il n’était pas le plus fort, il dissimula son mécontentement, fit bonne mine à mauvais jeu et parut joyeux d’un raccommodement.

« Ils renouèrent donc alors leur société, dit Zarate, à cette condition que don Diègue d’Almagro irait pour découvrir le pays du côté du sud, et que, s’il en trouvait quelqu’un qui fût bon, ils en demanderaient pour lui le gouvernement à Sa Majesté ; que, s’il ne trouvait rien qui l’accommodât, ils partageraient entre eux le gouvernement de don François. Cet accord fut fait d’une manière solennelle, et ils prêtèrent serment sur l’hostie consacrée de ne rien entreprendre à l’avenir l’un contre